NICE EN ROLLER 2001

Classement :

Hommes :

1. Fabien Rabeau, FRA, Team Rollerblade, 59.23.0
2. Benoit Perthuis, FRA, Team Salomon, 59.23.5
3. Kalon Dobbin, NEZ, Team Rollerblade, 59.58.3
4. George Botero Team Rollerblade
5. Juan Carlos Betancur, Team Salomon
6. Fabio Marangoni, Fila
7. Luca Crevenna, Fila
8. Shane Dobbin, Rollerblade
10. Danilo Sinigali, Fila

Femmes :

1. Silvia Niño, COL, Team Rollerblade, 01.13.02.01
2. Caroline Lagrée, FRA, Team Salomon, 01.13.02.04
3. Nathalie Barbotin, FRA, Team Salomon, 01.13.04.01
4. Anne-Gaelle Cherdel, Team Rollerblade
5. Emilie Martignon (TOAC)
6. Franziska Stampffi, Team Rollerblade
 



 

Deux articles parrus dans Nice-matin pour tout savoir de la course:

Fabien Rabeau, la confiance en plus
et
Les consignes à la lettre



Fabien Rabeau,  la confiance en plus

Le lauréat 2001 n'aurait jamais du être celui-là. Au sein du team Rollerblade, le briefing d'avant-course avait désigné le Néo-Zélandais Kalon Dobbin, finalement 3e et vainqueur du sprint du peloton. Las, les circonstances de course n'ont que très peu à voir avec les schémas sur tableau blanc.

« Quand je me suis retrouvé devant avec Benoit, j'ai reçu l'ordre de ne pas rouler pour que Kalon revienne. Je n'avais qu'à surveiller les écarts. Le problème est que Benoit a très bien travaillé. » Et personne n'est jamais revenu...

Benoit Perthuis a bien tenté de solliciter son compagnon, il s'est vite résigné. Lui devant, l'autre dans son ombre, bien à l'abri. « Le plus dur pour moi a justement été de ne pas prendre de relais », dit Fabien Rabeau. Le vainqueur a le beau rôle, mais ses propos sont sincères. Les deux inséparables d'hier se connaissent sur le bout des ongles. Avec le leader mondial Arnaud Gicquel, ils sont licenciés dans le même club, le Rozé olympique patinage. Et dans le vase clos du patinage de vitesse, les concurrents ne sont jamais des ennemis.

En s'imposant facilement, Fabien Rabeau empoche de précieux points, mais pas seulement. Il permet également à Rollerblade de prolonger son invincibilité cette saison en Coupe du monde (10 victoires). Salomon, le grand rival, n'a pu que s'approprier le Grand Prix d'ouverture à Moorea. Maigre... Enfin, le Nantais cadet des « Road runners » (19 ans) gonfle un capital confiance personnel miné par des examens de 1re année de Droit. « Vues les circonstances, cette course était à sa portée », dira Arnaud Gicquel, vainqueur des deux dernières étapes en Suisse. « Il est important que chacun puisse briller à son tour. »

Avec les championnats du monde qui se profilent en septembre à Valence d'Agen, les Français ont plus que les autres à cœur de se montrer cette saison.

C'est ce que confiait le malheureux Benoit Perthuis. Le Rochelais vice-champion d'Europe du marathon avait déjà ravalé sa déception au moment d'évoquer les Mondiaux en France : « Ma saison est fixée sur cet événement. »

Celle de Fabien Rabeau aussi, mais elle a pris hier un autre tournant avec cette première victoire d'envergure.
 



Les consignes à la lettre

Fabien Rabeau et Benoit Perthuis ont mobilisé l'attention en s'échappant dès le 10e kilomètre. Respectant les tactiques de course, le peloton leur permit de s'expliquer sur la ligne

Arrivée au sprint l'année dernière, échappée au long cours hier, Nice en roller réserve à chaque fois un scénario différent. Ce ne sont pas les spectateurs qui s'en plaindront, pressés comme pas deux autour du circuit en bord de mer.

Un air californien, pour la masse assurément. La vitesse en plus. Le marathon s'est adjugé à l'effarante moyenne de 39,6 km/h. A peine moins d'une heure pour boucler 42,5 km que d'autres, courageux coureurs à pied, considèrent comme leur Everest.

A ce niveau, le plus haut mondial, le roller va vite. Il ébouriffe et il enivre. Il peut être cadenassé, aussi. Comme ces courses cyclistes qui lui ressemblent comme des sœurs. La démonstration en a été faite, hier, avec une échappée de plus de 30 km. Pour sur, un peloton fort de dix hommes aurait du revenir sur deux hommes livrés à eux-mêmes, secoués par un pernicieux vent marin. Il n'en a rien été, l'écart gonflant lentement mais surement.

Les consignes de courses ont été appliquées à la lettre. Rollerblade et Salomon, les deux teams leaders de la discipline, allaient s'affronter ouvertement sur la ligne d'arrivée, par coureurs interposés.

L'échappée de Fabien Rabeau et Benoit Perthuis, dans le 4e des 17 tours de circuit, était l'événement décisif du début de course. Avant cela, trois hommes avaient bien tenté de se faire la belle : Rosero le Colombien, Romani et Sanfratello dans le même pas, l'image avait de l'allure.

Le sprint intermédiaire (km 10) allait briser cette entreprise. Benoit Perthuis ne faisait pas qu'empocher la prime réservée aux finisseurs, il emmenait dans son sillage un Fabien Rabeau avare d'efforts dans l'échappée.

« Mon intérêt n'était pas de mener la course puisque mon leader, Kalon Dobbin, était à l'arrière », dira un Rabeau peu fier de lui mais répondant aux tactiques de course. De fait, à chaque fois que les échappés croisaient le peloton, d'une voie à l'autre de la Promenade des Anglais, les « Road runners » de Rollerblade conseillaient à leur équiper de ne pas travailler. Il en alla ainsi pendant 13 tours.

Les « sprinteurs » pour Perthuis, le final à Rabeau

Bloquée, la course vivait pourtant. Il y eut d'abord la chute de Mickael Byrne. L'Australien sortait large dans le second virage de la place Masséna pour finir dans les barrières. Luxation de l'épaule à l'appui, sa course s'achevait aux services d'urgences...

Au 6e tour, les échappés jouissaient d'une avance très confortable, l'équivalent de la distance entre le Jardin Albert-1er et le Négresco. Les premiers attardés étaient repris après seulement 17,5 km.

Le second sprint intermédiaire (km 20) allait-il à nouveau influer sur le classement ? Rabeau mettait bien son grain de sel en se lançant de loin, mais il cédait finalement à Perthuis. La trame était écrite : les efforts et les « sprinteurs » pour Perthuis, la victoire finale à Rabeau, largement plus frais.

L'avance sur le peloton (jusqu'à 52« , 35« à l'arrivée) confirmait cette tendance. Une dernière attaque, lancée de l'arrière par l'équipe Salomon pour sauver son laborieux, n'y changeait rien : Fabien Rabeau n'avait aucune peine à déboiter et s'imposer sans frémir.

Douze minutes plus tard, l'explication des féminines était bien plus tranchante, à la limite de la régularité (lire par ailleurs). Une étape de Coupe du monde n'a rien d'une amusette. Les néophytes l'auront compris, qui reviendront sans doute l'année prochaine. Pour le plaisir des yeux.

Sylvain MOUHOT.